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Préface.

Voilà donc, à la fin du XVIe siècle, les circonstances du fait très-diversement rapportées. On n’est pas d’accord sur tel ou tel point ; mais le fait lui-même semble à l’abri du doute, à part un mot qui échappe à un homme de sens, André Thevet, dans sa Cosmographie universelle[1], où il dit à propos du château de Montargis : Dans ce chasteau estoit de mon jeune aage figurée une histoire d’un levrier qui combattit et desfeit un gentilhomme qui avoit cauteleusement tué son maistre. De dire que la chose soit advenue, je n’en veux rien affermer, tant y a que cela estoit effigié contre un manteau de cheminée[2]. Mais ce doute d’un bon esprit pouvait-il affaiblir l’autorité d’écrivains tels qu’Olivier de la Marche et Jules Scaliger ?

Cependant, quelque chose manquait encore à leurs récits pour satisfaire pleinement les curieux et donner plus de prise à la crédulité : l’histoire était sans date, comme l’avait remarqué Belleforest. Je ne sais qui se chargea de lui en assigner une, car je n’ose me flatter d’avoir réussi à recueillir toutes les pièces de ce procès. Ce que je puis dire seulement, c’est que dans le Discours notable des duels, par Messire Jean de la Taille, ouvrage de la fin du XVIe siècle, se trouve une version qui laisse beaucoup moins à désirer que les précédentes au point de vue chronologique. Sans doute l’auteur n’y indique pas l’année et le jour du fameux combat ; mais il est en mesure

  1. 2 vol. in-fol. Paris, 1575.
  2. T. II, liv. XV, fol. 573.