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Macaire.

P. 3, v. 5 :

Dont en morurent maint chevalier vaillant.


Vers emprunté presque littéralement à la chanson de Huon de Bordeaux (p. 4).

P. 3, v. 6 :

Li fel Macaires ceste oevre ala brassant.


Brasser une œuvre, une trahison, une honte, sont des locutions fort en usage au temps où fut composé notre poëme. Exemples :

Moult maudit les traïtres qui cheste oevre ont brassée.

(Gui de Nanteuil, p. 95.)

Icelle honte que Lanbers m’a brassée.

(Auberi le Bourguignon, ms. La Val. 40, fol. 77 v°, col. 2.)

Chier lor vendra ce que il ont brassé.

(Bueve d’Hanstone, ms. fr. 12548, fol. 183 v°, col. 2.)

Le mot engan du texte de Venise, qui est l’inganno italien, se trouve bien en provençal, mais je doute fort qu’on en rencontre un exemple français, quoique le verbe enganer (prov. enganar, ital. ingannare) remplace quelquefois engigner, qui paraît être la vraie forme française.

Par foi, dist Hues, nous sommes engané.

(Huon de Bordeaux, p. 113.)

Quant il parçut qu’il estoit enganés.

(Id., p. 59.)

Raynouard ne cite qu’engaigne sous le mot provençal engan, et encore à tort ; car engaigne correspond non pas à engan mais à la forme féminine enguana.

Il eut été facile de calquer le vers que j’ai essayé de refaire en lisant :

Et por Macaire fu tos icil engans ;


mais cette leçon, même en admettant la forme engan,