Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/60

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Préface.

moins assuré, car dans le champ de l’histoire, comme ailleurs, mauvaise herbe croît toujours. En veut-on la preuve pour ce cas particulier ?

La dissertation de Bullet est de 1771 ; or voici depuis lors jusqu’à ce jour la destinée du chien de Montargis.

En 1776, en 1778, paraissent deux éditions successives des Essais historiques sur Paris, de Poullain de Saint-Foix[1], et dans ces deux éditions on retrouve sous la rubrique : Isle Notre-Dame ou Saint-Louis, une nouvelle relation du combat déjà raconté tant de fois. Les réflexions de Saint-Foix à ce sujet peuvent passer pour curieuses : « Quelques auteurs, dit-il, ont cru que c’étoit sous le règne de Charles VI[2] que vivoit un chien dont la mémoire mérite d’être conservée à la postérité. D’Audiguier prétend que c’étoit un lévrier ; j’en doute, attendu que le nez dans les chiens est le mobile du sentiment ; or, les lévriers n’ont pas de nez ; et, par conséquent, s’ils caressent un maître, s’ils se trouvent à son lever, à son coucher, ce n’est que par l’habitude, comme des courtisans, sans s’y attacher et sans l’aimer. Je les crois absolument incapables de ces traits de bonté de cœur dont je vais faire le récit. »

Ce récit terminé, Saint-Foix ajoute :

« On ne sera point étonné que ce chien ait

  1. Celle de 1778 comprend les œuvres complètes. Voyez le t. III de cette édition et le t. I de la précédente.
  2. Comme on l’a vu plus haut, ce n’est point au règne de Charles VI, mais à celui de Charles V, que l’on rattache l’histoire.