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de Robinson Crusoé.


On ne manquoit jamais d’écouter attentivement ce que je disois sur ce chapitre ; mais sur-tout l’article de l’achat des nègres, dont le trafic n’étoit encore qu’ébauché ; mais qui, tel qu’il étoit, avoit toujours été dirigé par l’assemblée, ou si vous voulez, par une assemblée formée par les rois d’Espagne & de Portugal, & qui entroit dans les comptes du gouvernement public, en sorte qu’il ne s’amenoit que peu de nègres, qu’on achetoit à un prix excessif.

Un jour je me trouvai en compagnie avec des marchands & propriétaires de plantations de ma connoissance, & leur ayant parlé fort sérieusement sur ce sujet, il arriva que trois d’entr’eux vinrent me trouver le lendemain au matin, & me dirent qu’ils avoient beaucoup réfléchi sur l’entretien que j’avois eu avec eux le soir précédent, & qu’ils venoient me proposer une chose qu’ils me confioient sous le secret. Je leur promis de le garder ; & après ce préliminaire, ils déclarèrent qu’ils avoient envie d’équiper un vaisseau pour la Guinée ; qu’ils avoient tous des plantations aussi-bien que moi ; & que rien ne leur faisoit plus de tort, que le besoin extrême où ils étoient d’esclaves : que, comme c’étoit un commerce qu’on ne pouvoit pas continuer, parce qu’il n’étoit pas praticable de vendre publiquement les nègres quand ils étoient arrivés, leur dessein n’étoit que de faire un