Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
Les aventures

planches que je pus trouver ; ensuite, après avoir bien considéré ce dont j’avois le plus de besoin, je commençai par prendre trois coffres de matelot, que j’avois ouverts en forçant les serrures, & que j’avois ensuite vidés ; & puis je les descendis avec une corde sur mon radeau. Dans le premier je mis des provisions, savoir du pain, du riz, trois fromages d’hollande, cinq pièces de bouc séché, laquelle viande faisoit notre principale nourriture, & un petit reste de bled d’Europe, qu’on avoit mis à part pour entretenir quelques volailles que nous avions embarqués avec nous, mais qui depuis long-tems avoient été tuées. Il y avoit aussi une certaine quantité d’orge & de froment mêlés ensemble : mais à mon grand regret je vis que cela avoit été mangé & gâté par les rats. Quant à la boisson, je trouvai plusieurs caisses de bouteilles qui étoient à notre maître, dans lesquelles il y avoit quelques eaux cordiales, & environ vingt-quatre de Rack : j’arrangeai ceci séparément, parce qu’il n’étoit pas nécessaire, ni même possible de les mettre dans le coffre. Pendant que j’étois occupé à faire ces choses, je m’apperçus que la marée commençoit à monter, quoique paisiblement, & j’eus la mortification de voir mon habit, ma veste & ma chemise, que j’avois laissés sur le rivage, flotter & s’en aller au gré de l’eau : pour ce qui est de ma culotte, qui