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Les aventures

pourtant je les déterrai, après avoir visité coins & recoins. Il y en avoit un qui avoit été mouillé, les deux autres étoient secs & bons, & je les plaçai avec les armes sur mon radeau. Alors je crus m’être muni d’assez de provisions ; il ne me restoit plus de souci que pour les conduire jusqu’à terre ; car, je n’avois ni voile, ni rame, ni gouvernail, & la moindre bouffée survenant, pouvoit submerger ma cargaison toute entière.

Trois choses relevoient mes espérances ; en premier lieu, la mer qui étoit tranquille ; en second, la marée qui montoit & portoit à terre ; & en troisième lieu, le vent, qui, tout foible qu’il étoit, ne laissoit pas d’être favorable. Je trouvai encore deux ou trois rames à moitié rompues, & dépendantes de la chaloupe, qui me servirent de renfort, & deux scies, une bisaigue, avec un marteau, (outre ce qui étoit déjà dans le coffre du charpentier) que j’ajoutai à ma cargaison ; après quoi je me mis en mer. Mon radeau vogua très-bien l’espace d’environ un mille ; seulement je m’apperçus qu’il dérivoit un peu de l’endroit où j’avois pris terre auparavant ; cela me fit juger qu’il y avoit un courant d’eau, & par conséquent j’espérois de trouver une baie, ou une rivière, qui me tiendroit lieu de Port, pour débarquer ma cargaison.

La chose étoit comme je me l’étois imaginé ;