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Les aventures

parce que n’ayant du commencement nul sentiment de religion dans le cœur, j’omis au bout de quelque tems de distinguer les semaines en marquant pour le dimanche un cran plus long que pour les jours ouvriers ; ainsi je ne pouvois véritablement plus discerner l’un de l’autre. Mais quand j’eus une fois calculé les jours par le nombre des crans, comme je viens de dire, je reconnus que j’avois été dans l’Isle pendant un an. Je divisai cet en en semaines, & je pris le septième de chacune pour mon dimanche : il est pourtant vrai qu’à la fin de mon calcul, je trouvai un ou deux jours de mécompte.

Peu de tems après ceci, je m’apperçus que mon encre me manqueroit bientôt ; c’est pourquoi je fus obligé de la ménager extrêmement, me contentant d’écrire les circonstances les plus remarquables de ma vie, sans fait un détail journalier des autres choses.

Je m’appercevois déjà de la régularité des saisons : je ne me laissois plus surprendre ni par la pluvieuse, ni par la sèche : & je savois me pourvoir & pour l’une & pour l’autre. Mais avant d’acquérir une telle expérience, j’avois été obligé d’en faire les frais ; & l’essai que je vais rapporter, étoit un des plus chers auxquels j’en fusse venu. J’ai dit ce-dessus, que j’avois conservé le peu d’orge & de riz, qui avoit crû d’une manière inat-