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de Robinson Crusoé.

tendue, & où je m’imaginois trouver du miracle ; il pouvoit bien y avoir trente épis de riz & vingt d’orge ; or je croyois que c’étoit le tems propre à semer ces grains, parce que les pluies étoient passés, & que le soleil étoit parvenu au midi de la Ligne.

Conformément à ce dessein, je cultivai une pièce de terre le mieux qu’il me fut possible, avec une pelle de bois, & après l’avoir partagée en deux parts, je semai mon grain. Mais tandis que j’étois à semer, il me vint en pensée, que je ferois bien de ne pas tout employer cette première fois, parce que je ne savois quelle saison étoit la plus propre pour les semailles ; c’est pourquoi je risquai environ les deux tiers de mon grain, réservant à-peu-près une poignée de chaque sorte.

Je me fus bon gré dans la suite de m’y être pris avec cette précaution. De tout ce que j’avois semé, il n’y eut pas un seul grain qui crût à un point de maturité, parce qu’aux mois suivans, qui composoient la saison séche, la terre n’ayant aucune pluie après avoir reçu la semence, elle manquoit aussi de l’humidité nécessaire pour la faire germer, & ne produisit rien du tout, jusqu’à ce que, la saison pluvieuse étant revenue, elle poussa de foibles tiges qui dépérirent.

Voyant que ma première semence ne croissoit point, & devinant aisément qu’il n’en falloit pas