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de Robinson Crusoé.

ma vieille maison me paroissoit après cela comme un établissement parfait où rien ne manquoit. Tout ce qui étoit autour de moi m’enchantoit, & je résolus de ne jamais plus m’éloigner pour un tems considérable, tandis que ma destinée me retiendroit dans l’île.

Je gardai la maison pendant une semaine, pour goûter les douceurs du repos, & pour me refaire de mon long voyage. Cependant, une affaire de grande conséquence m’occupoit sérieusement ; c’étoit une cage que je faisois pour mon perroquet ; il commençoit déjà à être de la famille, & nous nous connoissions parfaitement lui & moi. Ensuite je pensai au pauvre chevreau, que j’avois renfermé dans l’enceinte de ma métairie, & je trouvai bon de l’aller chercher, ou du moins de lui porter à manger. Quand il eut mangé, je l’attachai comme la première fois, & je me mis à l’emmener. La faim qu’il avoit soufferte l’avoit si fort matté, & rendu si souple, qu’il me suivoit comme un chien ; & j’aurois bien pu me dispenser de le tenir attaché. J’en pris un soin particulier, ne cessant de lui donner à manger, & de le caresser tous les jours. En peu de tems il devint si familier, si gentil, si caressant, qu’il ne voulut jamais me quitter depuis, & fut aggrégé au nombre de mes autres domestiques.

La saison pluvieuse de l’équinoxe d’Automne