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Les aventures

charpentier, j’entendois moins encore celui de tailleur. Néanmoins ces habits me servirent très-bien : la pluie ne pouvoit pas les percer.

Tous ces travaux finis, j’employai beaucoup de tems & bien des peines à faire un parasol. J’en avois vu faire un dans le Brésil, où ils sont d’un grand usage contre les chaleurs extraordinaires. Or comme le climat que j’habitois étoit tout aussi chaud, ou même davantage, car j’étois plus près de l’Équateur ; comme d’ailleurs la nécessité m’obligeoit souvent de sortir par la pluie je ne pouvois me passer d’une aussi grande commodité que celle-là. Ce travail me coûta infiniment ; il se passa bien du tems avant que je pusse faire quelque chose qui fût capable de me préserver de la pluie & des rayons du soleil ; encore cet ouvrage ne put-il me satisfaire, ni deux ou trois autres que je fis ensuite. Je pouvois bien les étendre, mais je ne pouvois pas les plier ni les porter autrement que sur ma tête ; ce qui me causoit trop d’embarras. Enfin pourtant j’en fis un qui répondit assez à mes besoins : je le couvris de peaux en tournant le poil du côté d’en haut. J’y étois à l’abri de la pluie comme si j’eusse été sous un auvent, & je marchai par les chaleurs les plus brûlantes avec plus d’agrément que je ne faisois auparavant dans les jours les plus frais. Quand je n’en avois pas besoin, je le fermois & le portois sous mon bras.