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Les aventures

de voir, ce mauvais succès ne me rebuta point : je profitai de ma première inadvertance : & bien que l’arbre que j’avois coupé pour faire un second canot fût à un demi-mille de la mer, & qu’il étoit bien difficile d’y amener l’eau de si loin, cependant comme la chose n’étoit pas impraticable, je ne désespérai pas de la porter à son exécution. J’y travaillai pendant deux ans : je ne plaignois point mon travail, tant étoit grand l’espoir de me remettre en mer !

Voilà donc mon petit canot fini ; mais sa grandeur ne répondit point au dessein que j’avois lorsque je commençai à y travailler : c’étoit de hasarder un voyage en terre ferme, & qui auroit été de 40 milles. Je quittai donc mon travail ; je me résolus au moins de faire le tour de l’Isle. Je l’avois déjà traversée par terre, comme j’ai dit : & les découvertes que j’avois faites alors me donnoient un violent desir de voir les autres parties de mes côtes. Je ne songeai donc plus qu’à mon voyage ; & afin d’agir avec plus de précaution, j’équipai mon canot le mieux qu’il me fut possible ; j’y fis un mât & une voile. J’en fis l’essai, & trouvant que mon canot feroit très-bien voile, je fis des boulins ou des layettes dans ses deux extrémités, afin d’y préserver mes provisions & mes munitions de la pluie & de l’eau de la mer qui pourroient entrer dans le canot. J’y fis encore