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de Robinson Crusoé.

la distance d’une lieue, & qui portoit d’un autre côté. La mer où j’étois, étoit entièrement morte, ses eaux étoient tranquilles & ne se mouvoient nulle part. Mais profitant de la bise fraîche qui souffloit vers mon île, j’y fis voile & m’en approchai, quoiqu’avec plus de lenteur que lorsque j’étois aidé par le courant.

Il étoit alors quatre heures du soir, & j’étois éloigné d’une lieue de mon île, quand je trouvai la pointe des rochers qui causoient tout ce désastre. Ils s’étendoient au sud, & comme il y avoient formé ce furieux courant, ils y avoient aussi fait une barre qui portoit au nord. Elle étoit forte, & ne me conduisoit pas directement à bord de mon île ; mais profitant du vent, je traversai cette barre le moins obliquement que je pus, & après un heure de tems j’arrivai à un mille du bord ; l’eau y étoit tranquille, & peu de tems après je gagnai le rivage.

Dès que je fus abordé, me jetant à genoux, je remerciai Dieu pour ma délivrance, & résolus de ne plus courir les mêmes risques en vue de me sauver. Je me rafraîchis du mieux que je pus : je mis mon canot dans un petit caveau que j’avois remarqué sous des arbres, & las comme j’étois du travail & des fatigues de mon voyage, je m’endormis peu de tems après.

Étant éveillé, j’étois fort en peine comment je