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Les aventures

manière qu’elle n’excédât pas sa hauteur ordinaire. Les arbres qui au commencement n’étoient que des pieux, mais qui étoient devenus hauts & fermes, je les cultivois de façon qu’ils pussent étendre leurs branches, devenir touffus, & par-là jeter un agréable ombrage. Au milieu de ce circuit, j’avois ma tente. C’étoit une pièce d’une voile que j’avois étendue sur des perches. Sous cette tente je plaçai un lit de repos, ou une petite couche faite de la peau des bêtes que j’avois tuées, & d’autres choses molles. Une couverture de lit que j’avois sauvée du naufrage & un gros surtout servoient à me couvrir. Voilà quelle étoit la maison de campagne où je me retirois lorsque mes affaires ne me retenoient point dans ma capitale.

À côté, & tout aux environs de mon berceau, étoient les pâturages de mon bétail, c’est-à-dire, de mes chèvres : & comme j’avois pris des peines inconcevables à pertager ces pâturages en divers enclos, j’étois aussi fort soigneux d’en préserver les haies. Je portai même mon travail sur cet article jusqu’à planter tout autour de mes haies de petits pieux en très grand nombre & fort serrés. C’étoit une palissade plutôt qu’une haie. On n’y pouvoir pas fourrer la main ; & dans la suite ces pieux ayant pris racine, & étant crûs, comme ils firent par le premier tems pluvieux, rendirent