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Les aventures

de lui rendre : je me servis de tout l’espagnol que je pouvois rassembler, & je lui dis : Signor, nous parlerons une autre fois ; mais à présent il faut$ combattre : s’il vous reste quelque force, prenez ce pistolet & cette épée, & faites-en un bon usage. Il les prit d’un air reconnaissant, & il sembloit que ces armes lui fissent revenir toute sa vigueur. Il tomba dans le moment sur ses ennemis comme une furie, & dans un tour de main, il en dépêcha deux à coups de sabre. Il est vrai qu’ils ne se défendoient guères. Ces pauvre barbares étoient si effrayés du bruit de nos fusils, qu’ils étoient aussi peu en état de songer à leur conservation, que leur chair avoit été capable de résister à nos balles. Je m’en étois bien apperçu lorsque Vendredi avoit fait feu sur ceux qui étoient dans la barque, dont les uns avoient été terrassés par la peur, tout aussi-bien que les autres par les blessures.

Je tenois toujours mon dernier fusil dans la main, sans le tirer, pour n’être pas pris au dépourvu. C’étoit tout ce que j’avois pour me défendre, ayant donné mon pistolet & mon sabre à l’Espagnol. J’ordonnai cependant à Vendredi de retourner à l’arbre où nous avions commencé le combat, & d’y chercher nos armes déchargées ; ce qu’il fit avec une grande rapidité. Pendant que