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Les aventures

Voilà les premières mesures que je pris pour ma délivrance depuis vingt-sept ans & quelques jours que je fus dans cette île. Aussi ne négligeai-je aucune précaution nécessaire pour les rendre justes ; je donnai à mes voyageurs une provision de pain & de grappes sèches pour plusieurs jours ; & une autre provision pour huit jours, destinée aux espagnols : je convins encore avec eux d’un signal qu’ils mettroient à leur canot à leur retour, pour pouvoir les reconnaître par-là avant qu’ils abordassent ; & là-dessus je leur souhaitai un heureux voyage.

Ils mirent en mer avec un vent frais pendant la pleine lune. C’étoit au mois d’Octobre, selon mon calcul ; car pour un compte exact des jours, je ne pus jamais m’assurer de l’avoir juste, depuis que je l’eus une fois perdu ; je n’étois pas tout-à-fait sûr même d’avoir compté exactement les années, quoique dans la suite je vis que mon calcul s’accordoit parfaitement avec la vérité.

J’avois déjà attendu pendant huit jours le retour de mes députés, quand il m’arriva à l’improviste une aventure, qui n’a peut-être pas sa semblable dans aucune histoire. C’étoit le matin, & j’étois encore profondément endormi, lorsque Vendredi approcha de mon lit avec précipitation, en criant : maître, maître, ils sont venus, ils sont venus.

Je me lève, & m’étant habillé, je me mets à