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de Robinson Crusoé.

traverser mon bois qui étoit déjà devenu épais, songeant si peu au moindre danger, que j’étois sans armes, contre ma coutume ; mais je fus bien surpris en tournant mes yeux vers la mer, de voir à une lieue & demie de distance une chaloupe avec une voile que nous appelons épaule de mouton, faisant cours du côté de mon rivage, & poussée par un vent favorable. Je vis d’abord qu’elle ne venoit pas du côté directement opposé à mon rivage, mais du côté du sud de l’île. Là-dessus, je dis à Vendredi de ne pas se donner le moindre mouvement, puisque ce n’étoit pas là les gens que nous attendions, & que nous ne pouvions pas savoir encore s’ils étoient amis ou ennemis.

Pour en être mieux éclairci, je fus chercher ma lunette d’approche, & par le moyen de mon échelle, je montai au haut du rocher, comme j’avois coutume de faire, quand j’appréhendois quelque chose & que je voulois le découvrir, sans être découvert moi-même.

A peine avois-je mis le pied sur le haut de la colline, que je vis clairement un vaisseau à l’ancre, à peu près deux lieues & demie au sud-ouest de moi, & je crus observer par la structure du bâtiment que le vaisseau étoit anglois, aussi-bien que la chaloupe.

Je ne saurois exprimer les impressions confuses