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Les aventures

que cette vue fit sur mon imagination. Quoique ma joie de voir un navire, dont l’équipage devoit être sans doute de ma nation, fût extrême, je ne laissois pas de sentir quelques mouvemens secrets, dont j’ignorois la cause, qui m’inspiroient de la circonspection. Je ne pouvois pas concevoir quelles affaires un vaisseau anglois pouvoit avoir dans cette partie du monde, puisque ce n’étoit pas la route vers aucun des pays où ils ont établi leur commerce : de plus je savois qu’il n’y avoit eu aucune tempête capable de les porter de ce côté-là malgré eux ; par conséquent j’avois lieu de croire qu’ils n’avoient pas de bons desseins, & qu’il valoit mieux pour moi demeurer dans ma solitude que de tomber entre les mains de voleurs & de meurtriers.

Je l’ai déjà dit : qu’aucun homme ne méprise ces avertissemens secrets, qui seront inspirés quelquefois, quoiqu’il ne sente pas la vraisemblance. Je crois que peu de gens capables de réflexion puissent nier que ces sortes d’avertissemens ne nous soient donnés quelquefois ; je crois encore qu’il est incontestable que ce sont des marques de l’existence d’un monde invisible, & du commerce de certains esprits avec nous, qui tend à nous détourner du danger. Il n’y a rien de plus naturel à mon sens que d’attribuer ces avertisse-