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de Robinson Crusoé.

mens à quelque intelligence qui nous est favorable, soit suprême, soit inférieure & subordonnées à la divinité.

Le cas dont je vais parler prouve évidemment la vérité de mon opinion ; car si je n’avois pas obéi à ces mouvemens secrets, c’étoit fait de moi, & ma condition seroit devenur infiniment plus malheureuse.

Je ne m’étois pas tenu longtems dans cette posture, sans que je visse la chaloupe approcher du rivage, comme si elle cherchoit une baie, pour la commodité du débarquement ; mais ne découvrant pas celle dont j’ai parlé souvent ; ils poussèrent leur chaloupe sur le sable, environ à un demi-quart de lieue de moi : j’en étoit ravi ; car sans cela ils auroient débarqué précisément devant ma porte, ils m’auroient chassé sans doute de mon château, & auroient pillé tout mon bien.

Lorsqu’ils furent sur le rivage, je vis clairement qu’ils étoient anglois, hormis un ou deux que je pris pour des hollandois, mais qui pourtant ne l’étoient pas. Ils étoient onze en tout ; mais il y en avoit trois sans armes, & garottés, comme je crus m’en appercevoir. Dès que cinq ou six d’entre’eux eurent sauté sur le rivage, il firent sortir les autres de la chaloupe, comme des prisonniers : je vis un des trois marquer par