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de Robinson Crusoé.

leurs habits & avec d’autres armes. Je suis réellement un homme, je suis même un anglois, & tout disposé à vous rendre service. Je n’ai avec moi qu’un seul esclave ; nous avons des armes & des munitions, dites librement si nous pouvons vous rendre service, & expliquez-moi la nature de vos malheurs. »

Hélas ! monsieur, dit-il, le récit en est trop long pour vous être fait pendant que nos ennemis sont si proches ; il suffira de vous dire que j’ai été commandant du vaisseau que vous voyez ; mes gens se sont révoltés contre moi ; peu s’en faut qu’ils ne m’aient massacré ; mais ce qui vaut presque tout autant, ils veulent m’abandonner dans ce désert avec ces deux hommes, dont l’un est mon contre-maître, & l’autre un passager. Nous nous sommes attendus à périr ici dans peu de jours, croyant l’île inhabitée, & nous ne sommes pas encore rassurés là-dessus.

Mais, lui dis-je, que sont devenus vos coquins de rebelles ? Les voilà couchés, répondit-il, en montrant du doigt une touffe d’arbres fort épaisse ; je tremble de peu qu’ils ne nous aient entendu parler ; si cela est, il est certain qu’ils nous massacreront tous.

Je lui demandai là-dessus si les mutins avoient des armes à feu, & j’appris qu’ils n’avoient avec eux que deux fusils, & qu’ils en avoient laissé un