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Les aventures

pardonner, s’ils vouloient se contenter du sort qu’ils pouvoient s’y ménager.

Ils parurent recevoir ma proposition avec reconnoissance, en me disant, qu’ils préféroient infiniment ce séjour à la destinée qui les attendoit en Angleterre ; mais le capitaine fit semblant de ne la point approuver, & de n’oser pas y consentir ; sur quoi j’affectai de lui dire d’un air fâché, qu’ils étoient mes prisonniers, & non pas les siens ; que leur ayant offert la grâce, je n’étois pas homme à leur manquer de parole ; & que s’il y trouvoit à redire, je les remettrois en liberté comme je les avois trouvés ; permis à lui de courir après eux, & de les attraper s’il pouvoit.

Je le fis, comme je l’avois dit, & leur ayant fait ôter les liens ; je leur dis de gagner les bois, & je leur promis de leur laisser des armes à feu, des munitions, & les directions nécessaires pour vivre à leur aise ; s’ils vouloient les suivre. Ensuite je communiquai au capitaine mon dessein de rester encore cette nuit dans l’île, pour préparer tout pour mon voyage, & je le priai de retourner cependant au vaisseau, pour y tenir tout en ordre, & d’envoyer le lendemain sa chaloupe. Je l’avertis aussi de ne pas manquer de faire pendre à la vergue le nouveau capi-