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Les aventures

sans qu’il s’en sauvât au-delà de trois personnes ; par conséquent, dans lequel des deux que je me fusse embarqué, j’aurois été également malheureux.

Mon ancien ami sachant l’embarras où je me trouvois par rapport à mon voyage m’exhorta fort de n’aller point par mer ; il me conseilla plutôt d’aller par terre jusqu’à la Corogne, & de passer par-là, à la Rochelle, par le golphe de Biscaye, d’où il étoit aisé de continuer mon chemin par terre jusqu’à Paris, & de venir de-là par Calais à Douvres, ou bien d’aller à Madrid, & de traverser toute la France par terre.

Mon aversion prodigieuse pour la mer me fit suivre ce dernier parti, qui me la faisoit éviter par-tout, excepté le petit passage de Calais à Douvres. Je n’étois pas fort pressé, je craignois peu la dépense, la route étant agréable, & pour que je ne m’y ennuyasse pas, mon vieux capitaine me procura la compagnie d’un Anglois, fils d’un marchand de Lisbonne, qui me fit trouver deux autres compagnons de voyage de la même nation, auxquels se joignirent encore deux cavaliers portugais qui devoient s’arrêter à Paris, de manière que nous étions six maîtres & cinq valets. Les deux marchands & les deux Portugais se contentoient d’avoir deux valets à deux quatre ; mais pour moi, j’avois trouvé bon d’augmenter