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de Robinson Crusoé.

dès que nous serions proche. Mais nous n’avancions que peu vers la terre & même nous ne pouvions pas aborder jusqu’à ce que nous eussions passé le fanal de Winterton ; car au delà la côte s’enfonce à l’Ouest du côté de Cromer, & ainsi elle brisoit un peu la violence du vent. Ce fut en cet endroit, & non sans de grandes difficultés, que nous descendîmes tous heureusement à terre. De là, nous allâmes à pied à Yarmouth, où nous fûmes traités d’une manière capable de soulager des infortunés, c’est-à-dire, avec beaucoup d’humanité ; soit de la part du magistrat, qui nous assigna de bons quartiers ; soit par des marchands particuliers, & des propriétaires de vaisseaux, qui nous donnèrent assez d’argent, ou pour aller à Londres, ou pour retourner à Hull, si nous le jugions à propos.

C’est alors que je devois avoir le jugement de prendre le chemin de Hull pour m’en retourner à la maison. C’est la route qu’il m’auroit fallu tenir pour devenir heureux ; & mon père, qui étoit un emblême de celui dont il est parlé dans la parabole de l’évangile, auroit même tué le veau gras : car ayant appris que le vaisseau sur lequel je m’étois embarqué avoit fait naufrage dans la rade d’Yarmouth, il fut long-tems avant de savoir que je n’avois pas été noyé.

Mais ma mauvaise destinée m’entraînoit avec