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Les aventures

étoit un cheval tué par ces animaux, sur le cadavre duquel ils étoient encore au nombre de quelques douzaines, occupés non à dévorer la chair, mais à ronger les os.

Nous ne trouvâmes point du tout à propos de troubler leur festin, & de leur côté ils ne songeoient pas à le quitter pour nous troubler dans notre voyage. Vendredi avoit pourtant grande envie de leur lâcher quelques coups de fusil ; mais je l’en empêchai, prévoyant que bientôt nous aurions des affaires de reste. Nous n’avions pas encore traversé la moitié de la plaine, quand nous entendîmes à notre gauche des hurlemens terribles : un moment après nous vîmes une centaine de loups venir à nous, par rang & par files, comme s’ils avoient été mis en bataille par un officier expérimenté.

Je crus, que le seul moyen de les bien recevoir, étoit de nous arranger tous dans une même ligne, & de nous tenir bien serrés : ce que nous exécutâmes dans le moment. Je donnai encore ordre à mes gens de faire leur décharge, en sorte qu’il n’y eut que la moitié qui tirât à la fois, & que l’autre se tînt prête à faire dans le moment une seconde décharge ; & sil malgré tout cela, les loups ne laissoient pas de pousser leur pointe, qu’ils ne s’amusassent pas à recharger leurs fusils, mais qu’ils missent promptement le pistolet à