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de Robinson Crusoé.

subite augmentée par l’obscurité de la nuit, qu’ils commencèrent à se retirer un peu. Là-dessus je fis faire sur eux la dernière décharge, que nous accompagnâmes d’un grand cri qui acheva de les mettre entièrement en fuite.

Ensuite nous fîmes une sortie l’épée à la main sur une vingtaine d’estropiés, & en les taillardant nous fimes en sorte que leurs hurlemens plaintifs contribuassent à épouvanter les autres qui avoient regagné les bois.

Nous en avions tué tout au moins une soixantaine, & si ç’avoit été en plein jour, nous en aurions bien dépêché davantage : cependant le champ de bataille nous restoit, mais nous avions encore tout au moins une lieue à faire, & nous entendions encore de tems en tems un bruit affreux dans les bois. Nous crûmes mêmes plus d’un fois en voir près de nous, sans en être bien sûrs, à cause de la neige qui nous éblouissoit les yeux.

Après avoir marché pendant une heure dans de pareilles inquiétudes, nous arrivâmes au bourg où nous devions passer la nuit. Nous y trouvâmes tout le monde sous les armes, parce que la nuit d’auparavant un grand nombre de loups, & quelques ours, y étoient entrés, & leur avoient donné une allarme bien chaude, qui les obligeoit à se tenir continuellement en