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Les aventures

dant à Lisbonne 330,000 pièces de huit pour payer le prix dont on étoit convenu.

Je ne balançai pas un moment à signer les conditions de la vente, telles qu’on les avoit dressées à Lisbonne, & en ayant renvoyé l’acte à mon vieux ami, il me fit tenir des lettres de change de la valeur de 328,000 pièces de huit, pour le prix de ma plantation, à condition qu’elle resteroit chargée du paiement de cent moidores par ans, tant que le vieux capitaine vivroit, & de cinquante pendant la vie de son fils.

C’est par-là que je finis les deux premières parties de l’histoire d’une vie si pleine de révolutions, qu’on pourroit l’appeler une marqueterie de la providence. On y voit une si grande variété d’aventures, que je doute fort qu’aucune autre histoire véritable en puisse fournir une pareille. Elle commence par des extravagances qui ne préparent le lecteur à rien d’heureux, & elle finit par un bonheur, qu’aucun évènement qu’on y trouve ne sauroit promettre.

On croira indubitablement que, satisfait d’une forture si supérieure à mes espérances, je n’étois pas homme à vouloir m’exposer à de nouveaux hasards : mais, quelque raisonnable que puisse être ce sentiment, on se trompe. J’étois accoutumé à une vie ambulante, je n’avois