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Les aventures

à bord, & acheta tout ce que je voulois bien vendre, comme caisse de bouteilles, deux de mes fusils, & un morceau de cire ; car j’avois fait des chandelles d’une partie. En un mot, je fis de ma cargaison environs deux cent vingt pièces de huit. Je débarquai au Brésil avec un tel fonds.

Peu de tems après mon débarquement je fus recommandé par le capitaine à un fort honnête-homme, tel qu’il étoit lui-même, lequel avoit ce qu’ils appellent vulgairement un Ingeino, c’est-à-dire, une plantation, & une manufacture de sucre. Je vécus quelque tems dans sa maison, & par ce moyen, je m’instruisis de la maniere de planter & de faire le sucre. Or voyant combien les planteurs vivoient commodément, & combien vîte ils devenoient riches, je résolus, si je pouvois obtenir une licence, de m’y établir & de devenir planteur comme les autres ; bien entendu cependant que je rechercherois le moyen de me faire remettre l’argent que j’avois laissé à Londres. À ces fins, je me pourvus d’une espèce de lettre de naturalisation, en vertu de laquelle je fis marché pour de la terre qui étoit encore vacante, & dont je mesurai l’étendue à celle de mon argent. Après cela je formai un plan pour ma plantation & pour mon établissement, proportionnant l’un & l’autre aux fonds que je me proposois de recevoir d’Angleterre.