Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/123

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de repos pour reproduire de grands hommes ? Cette philosophie est un peu lunatique, dit le génie : c’est une erreur de croire que la nature puisse dépérir : elle se modifie diversement ; mais ne change rien dans l’ordre immuable, qui marque à tous les êtres leurs places & leurs fonctions : la figure des corps ne change point ; les dons de la nature sont toujours les mêmes : on peut seulement regarder les hommes comme des arbres sauvages, qui ne produisent que des fruits amers, s’ils ne sont greffés par un bon jardinier. Il en est de même de la science & des talens, qui ne s’acquièrent que par la bonne éducation : c’est elle qui perfectionne les hommes, & les rend propres à contribuer au bonheur mutuel de la société : mais dans l’empire de la lune il est presque impossible de trouver des personnes raisonnables. Si la mode d’être savant, d’être sincère & désintéressé, pouvoit prendre chez eux, ils en seroient beaucoup plus heureux. Je suis sûr que sur le nombre prodigieux d’hommes qui se laissent gouverner par le caprice & la folie, la nature n’en a peut-être pas produit dans tout ce monde deux douzaines de raisonnables, qu’elle a répandues dans toutes les parties de cette planette. Vous jugez bien, charmante Monime, qu’il ne s’en trouve jamais dans aucun endroit une assez grande quantité