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de Milord Céton.

voyoit plusieurs financiers rangés autour d’une table, tenant chacun un de ces gros livres qui renferment leurs code, leurs loix & leurs coutumes, qu’ils s’amusoient à commenter afin de les embrouiller de façon qu’ils puissent embarrasser les juges, & les forcer ensuite à suivre leurs décisions. Plusieurs autres visionnaires s’offrirent encore à notre curiosité ; mais leurs nouveaux systêmes me parurent si absurdes, que je me dispense de les rapporter.

Monime, qui ne pouvoit revenir de la folie & des extravagantes idées des savans personnages que nous venions de visiter, ne put s’empêcher d’en parler au génie. C’est ainsi, lui dit-il, que la plupart des hommes donnent dans le faux, en cherchant à s’élever au-dessus de leur sphère. Personne ne suit dans ce monde le talent qui lui est propre. Si les hommes remplissoient leurs devoirs, il n’y auroit rien de faux dans leur façon de penser, dans leur goût ni dans leur conduite : ils se montreroient tels que la nature les auroit formés; ils jugeroient des choses par les lumières de la raison ; il y auroit de la justice & de la proportion dans leurs vues & dans leurs sentimens ; leur goût serait vrai, il seroit simple ; il viendrait d’eux, ils le suivroient par choix, & non par coutume, ni par hasard. Mais, belle Monime, vous avez