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de Milord Céton.

pire dans cette promenade qu’un air infecté, produit par les immondices qu’on y porte de tous les endroits de la ville.

Ce fut néanmoins dans ce lieu aride où, dans des chars magnifiques, nous vîmes briller la femme de condition & la bourgeoise ; le marquis & le financier, qui ne se font distinguer ni par leurs armes ni par leur livrée. D’où vient ? C’est que la mode le défend ; que tous les états sont confondus, & qu’il est permis à tous les citoyens de choisir la façon qu’ils trouvent la plus agréable pour se ruiner. C’est donc sur ces fameux remparts où les lunaires se rendent en foule pour y faire admirer les peintures qui décorent leurs équipages ; c’est là où ces femmes, qu’on prendroit pour des figures de pastelle, par les différentes couleurs qui enluminent leurs visages, font briller l’éclat de leurs diamans & étalent toute l’élégance de leurs parures ; c’est-là où les hommes, couchés nonchalamment dans un vis-à-vis, font voir la richesse de leurs habits, où les mains en l’air pour les faire paroître plus blanches, & montrer en même tems de gros brillans, la finesse d’un point, dont les fleurs semblent être attachées sur rien : ces hommes aussi apprêtés que des femmes, & qui se croient plus beaux que le dieu du