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de Milord Céton.

Le savant nous fit passer dans un autre cabinet rempli d’excellens livres. Je pense, me dit-il, monsieur, que ceux-ci seront plus de votre goût : croiriez-vous que la plupart de nos petits-maîtres condamnent, sans les avoir jamais lus, quantité de livres de nos anciens auteurs ? C’est, disent-ils, le goût qui leur fait connoître à la première page d’un livre, que tous les savans n’étoient que des sots ; & ce goût naît en eux sans étude & sans soins : cela n’est-il pas merveilleux ? Tous se piquent d’érudition ; cependant vous avez dû remarquer que leur principale occupation est la table ; la seconde, la calomnie, & la troisième, de dire des sottises & de parler continuellement d’eux-mêmes. Au surplus, les choses qui arrivent en ce monde ne sont pas faites pour être traitées sérieusement ; il faut nécessairement que tous nos ouvrages ressemblent à des perspectives, auxquelles, on doit donner plusieurs points de vue.

À ce que je vois, dit Monime, vos traités de morale doivent être regardés ici comme des spéculations sur la sagesse, qui ne peuvent qu’ennuyer. Je me suis apperçu qu’on ne fait nul cas du mérite, & que la vertu est comptée pour rien. Il est vrai, dit le savant ; c’est aussi ce qui fait que nos auteurs les plus célèbres