en les taxant de négligence de ne lui avoir pas envoyé cette lettre. Frustré de son espérance, il se proposa de faire le lendemain une visite à Cilindre, pour tâcher de trouver quelques momens favorables d’entretenir Lucinde ; & comme il étoit encore sur le perron à donner ses ordres, il entendit deux cavaliers qui entrèrent au galop & qui s’avancèrent jusqu’à l’entrée du perron. Jugez, madame, de la surprise de ces cavaliers, quand ils reconnurent Ardillan ; Amilcar & mon frère, car c’étoient eux-mêmes, en demeurèrent quelques instants comme pétrifiés, ils ne pouvoient comprendre comment Ardillan avoit pu découvrir leur dessein, ne l’ayant confié à personne ; mais Amilcar, plus au fait que mon frère des desseins de son père, lui dit que s’étant éloigné de la chasse, le hasard l’avoit fait rencontrer sur la route, & que dans la crainte qu’il n’eût essuyé quelques disgraces, il avoit prié Florian de l’accompagner pour suivre ses pas. Vous êtes trop attentif, monsieur, dit Ardillan d’un ton sévère, & vous auriez pu vous dispenser de prendre cette peine, sans chercher à pénétrer dans un mystère dont je ne juge pas à propos de vous instruire ; je vous conseille de retourner sur vos pas, si vous ne voulez m’irriter davantage : il lui tourna le dos. Amilcar se retira sans répondre, & lorsqu’il vit son père rentrer dans son appartement, il fut trouver le concierge pour
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