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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/192

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de milord Céton.

de ce Seigneur, qui le reçut comme on reçoit ordinairement le père d’une fille qu’on aime passionnément. Après lui avoir fait mille caresses, feignant d’ignorer ce qui l’amenoit à la ville, il lui demanda le sujet de son voyage, offrit tous les services qui dépendroient de lui, parla ensuite de la belle Lucinde, dit que s’il avoit su le dessein qu’il avoit de la faire venir auprès de lui, il se seroit fait un plaisir d’offrir à cette charmante personne une place dans sa voiture & un appartement dans son hôtel, qu’il le prioit d’accepter, parce qu’il jugeoit qu’elle seroit plus décemment chez lui que par-tout ailleurs ; ainsi, ajouta Ardillan, je vais donner mes ordres pour qu’on fasse apporter vos malles, & dire en même-tems à mon cocher de se tenir prêt lorsque vous voudrez partir pour aller chercher mademoiselle votre fille que j’attendrai à dîner avec vous. Cilindre qui ne comprenoit rien au discours de ce Seigneur, l’assura qu’il n’avoit point amené sa fille ni donné aucun ordre pour la faire venir, qu’il pensoit même qu’il n’étoit pas raisonnable de l’exposer seule dans une route aussi peu fréquentée, & encore moins de la mettre en bute aux intrigues de nombre de petits maîtres qui ne manqueroient pas de mettre tout en œuvre pour trouver les moyens de la séduire : je ne suis qu’un pauvre gentilhomme, continua Cilindre, mais je jure sur