Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
Les aventures

tuer les uns les autres, & que ceux qui échapperoient du combat, s’embarqueroient tout aussi-tôt. Cette prédiction fut accomplie dans toutes ses circonstances.

Mes gens cependant ne voulurent point entendre raison, particulièrement les Anglois, qui sacrifiant leur prudence à leur curiosité, sortirent tous pour aller voir le combat. Ils ne laissèrent pas néanmoins de se servir de quelque précaution ; & au lieu d’avancer à découvert pardevant leur habitation, ils prirent un détour par le bois & se placèrent avantageusement dans un endroit où ils pouvoient voir tout ce qui se passoit sans être apperçus, à ce qu’ils pensoient. Mais la suite fit croire qu’ils avoient été découverts par les sauvages.

La bataille cependant étoit aussi terrible qu’opiniâtre, & si je puis ajoûter foi aux Anglois, il paroissoit dans un des partis une bravoure extraordinaire, une fermeté invincible, & beaucoup d’adresse à ménager le combat. Il dura deux heures avant qu’on pût voir de quel côté se déclareroit la victoire. Alors la troupe la plus proche des Anglois commença à s’affoiblir, à se mettre en désordre, & à s’enfuir peu de tems après.

Nos gens craignoient fort que quelques-uns des fuyards ne se jetassent, pour se dérober à la