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de Robinson Crusoé.

voici la cause. Un d’entr’eux, le plus violent de tous les hommes, enragé comme un esclave, de ce qu’il n’avoit pas bien fait quelque ouvrage qu’il lui avoit donné, & qu’il avoit marqué quelque dépit, lorsqu’il avoit voulu le redresser, saisit une hache, non pas pour le punir, mais pour le tuer.

Il avoit envie de lui fendre la tête ; mais la rage ne lui permettant pas de bien diriger son coup, il tomba sur l’épaule du pauvre homme ; sur quoi un des Espagnols, croyant qu’il lui avoit coupé un bras, accourut pour le prier de ne pas massacrer ce malheureux, & pour l’en empêcher par force, s’il étoit nécessaire. Ce furieux là-dessus se jeta sur l’Espagnol lui-même en jurant qu’il le tueroit en la place du sauvage ; mais l’autre évita le coup, & avec une pelle qu’il avoit à la main, (car ils étoient tous occupés au labourage, ) il le terrassa. Un autre Anglois voyant son compagnon à terre, se rua sur l’Espagnol, & le terrassa à son tour. Deux autres Espagnols vinrent au secours de celui-ci, & le troisième Anglois se rangea du côté des deux autres. Ils n’avoient point d’armes à feu, ni les uns ni les autres, mais assez de haches, & d’autres outils propre à s’assommer. Il est vrai qu’un des Anglois avoit un sabre caché sous ses habits, avec lequel il blessa les deux Espagnols, qui