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de Robinson Crusoé.

pour y cacher leur famille, quand ils furent attaqués par les barbares. Ils avoient planté tout autour un si grand nombre d’arbres, qu’elle étoit inaccessible, sinon par de petits chemins qu’ils étoient seuls capables de trouver.

Pour les trois vauriens, quoique leur nouvel établissement les eût fort civilisés, en comparaison de leur brutalité passé, & qu’ils ne donnassent plus de si fortes marques de leur humeur mutine & querelleuse, il leur restoit toujours un des caractères d’un cœur vicieux, je veux dire la paresse. Il est vrai qu’ils avoient semé du bled, & qu’ils avoient fait des enclos ; mais ils avoient parfaitement vérifié ces paroles de Salomon : Je passai dans la vigne du paresseux, & elle étoit toute couverte d’épines. Quand les Espagnols vinrent pour voir la moisson de ces trois Anglois, ils ne la purent découvrir qu’à peine, à travers les mauvaises herbes. Il y avoit dans leur haie plusieurs trous, que les boucs sauvages y avoient faits pour manger les épis, & quoiqu’ils les eussent bouchés comme ils l’avoient pu, cela s’appeloit fermer l’écurie après que le cheval a été volé.

La plantation des deux autres, au contraire, avoit par-tout un air d’application & de succès. On ne découvroit pas une mauvaise herbe entre leurs épis, ni la moindre ouverture dans leur haie. Ils vérifoient cet autre passage de Salomon :