Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
144
Les aventures

avoit la poitrine percée d’outre en outre, & tomba par terre, quoiqu’il ne fût pas tout-à-fait mort ; pour le troisième, il n’avoit qu’une légère blessure à l’épaule, causée apparemment par la même balle qui étoit passée par le corps du second. Cependant, effrayé mortellement, il s’étoit jeté à terre, en poussant des cris & des hurlemens épouventables.

Les cinq qui les suivoient, plus étonnés du bruit, qu’instruits du danger, s’arrêtèrent au commencement. Les bois avoient rendu le bruit mille fois plus terrible par les échos qui le rendoient de toutes parts, & les oiseaux se levant de tous côtés, y mêloient toutes sortes de cris, chacun selon sa différente espèce. en un mot, c’étoit précisément la même chose que lorsque la première fois de ma vie j’avois tiré un coup de fusil dans l’île.

Cependant, voyant que tout étoit rentré dans le silence, & ne sachant pas de quoi il s’agissoit, ils s’avancèrent sans doute sans donner la moindre marque de crainte ; mais quand ils furent venus à l’endroit où leurs pauvres compagnons avoient été si maltraités, ils se pressèrent tous autour du sauvage blessé, & lui parloient apparemment, en le questionnant touchant la cause de son malheur, sans savoit qu’ils étoient exposés au même danger.