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Les aventures

Nos Anglois trouvèrent dont toutes choses comme ils le souhaitoient ; mais leurs femmes étoient dans une terrible frayeur : dans le même tems ils virent arriver à leur secours sept Espagnols : les dix autres, avec leurs esclaves & le père de Vendredi, avoient fait un petit corps pour défendre la ferme, que j’appelle ma maison de campagne, & où ils avoient leur bled & leur bétail ; mais les sauvages ne s’étoient pas étendu jusques-là. Ces sept Espagnols étoient accompagnés de l’esclave que les Anglois leur avoient envoyé, & du sauvage qu’ils avoient laissé lié au pied de l’arbre. Ils virent alors qu’il n’avoit pas été délié par ses compagnons, mais bien par les Espagnols, qui avoient été dans cet endroit, où ils avoient vu sept cadavres, & ce pauvre malheureux, qu’ils avoient trouvé bon d’emmener avec eux. Il fut pourtant nécessaire de le lier de nouveau, & de lui faire tenir compagnie aux deux qui étoient restés, lorsque le troisième, auteur de tout le mal, avoit fait son escapade.

Les prisonniers commencèrent alors à leur être à charge, & ils craignoient si fort qu’ils n’échappassent, qu’ils résolurent une fois de les tuer tous, persuadés qu’ils y étoient contraints par l’amour qu’ils se devoient à eux-mêmes. Le gouverneur espagnol ne voulut pourtant pas y consentir, & ordonna, en attendant mieux, qu’on