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Les aventures

la colonie dans la plus terrible consternation. Comme ils débarquèrent vers le soir dans la partie orientale de l’île, nos gens eurent toute cette nuit pour consulter sur ce qu’ils avoient à faire. Sachant que leur sûreté avoit consisté entièrement à n’être pas découverts, ils crurent qu’ils y étoient portés alors par des motifs d’autant plus forts, que le nombre de leurs ennemis étoit plus grand.

Conformément à cette opinion, ils résolurent d’abord d’abattre les cabanes des deux Anglois, & de renfermer le bétail dans la vieille grotte ; car ils supposoient que les sauvages tireroient tout droit de ce côté-là, pour jouer encore le même jeu, quoiqu’ils fussent abordés à plus de deux lieues de l’habitation de ces deux Anglois infortunés.

Ensuite ils emmenèrent tout le bétail qui étoit dans ma vieille maison de campagne, & qui appartenoit aux Espagnols ; en un mot ils ôtèrent, autant qu’il fut possible, tout ce qui étoit capable de faire croire l’île habitée. Le jour d’après ils se postèrent de bon matin, avec toutes leurs forces, devant la plantation des deux Anglois, pour y attendre l’ennemi de pied ferme.

La chose arriva précisément comme ils l’avoient conjecturé. Les sauvages laissant leurs