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de Robinson Crusoé.

Guillaume Atkins qui, malgré sa blessure, n’avoit pas voulu quitter la partie, donna le meilleur conseil de tous ; il étoit d’avis de se servir de la frayeur des ennemis pour les couper d’avec leurs barques, & pour les empêcher de regagner jamais leur patrie.

Ils consultèrent long-tems là-dessus ; quelques uns s’opposoient à cette opinion, craignant que l’exécution de ce projet ne poussât les barbares désespérés à se cacher dans le bois, ce qui forceroit les nôtres à leur donner la chasse comme à des bêtes féroces, les empêcheroit de travailler, pour ne s’occuper qu’à garder leur bétail & leurs plantations, & les feroit vivre dans des inquiétudes continuelles.

Atkins répondit qu’il valoit mieux avoir affaire à cent hommes qu’à cent nations, & qu’il falloit absolument détruire, & les canots, & les ennemis, s’ils vouloient n’être pas détruits eux-mêmes ; en un mot, il leur montra si bien l’utilité de son sentiment, qu’il y entrèrent tous. Ils mirent aussi-tôt la main à l’œuvre, & ayant ramassé du bois sec, ils essayèrent de mettre quelques-uns des canots en feu ; mais ils étoient trop mouillés. Néanmoins le feu en gâta tellement les parties supérieures, qu’il n’étoit plus possible de s’en servir.

Quand les Indiens eurent remarqué le dessein