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de Robinson Crusoé.

sauvages au désespoir, ils devoient placer des gardes auprès de leurs plantations. Il est vrai qu’ils avoient mis leurs troupeaux en sûreté, & qu’il étoit impossible aux Indiens de trouver la capitale de l’île ; je veux dire mon vieux château, non plus que ma grotte dans la vallée ; mais malheureusement ils déterrèrent la grande ferme, la mirent toute en pièces, ruinèrent l’enclos & la plantation qui étoit à l’entour, foulèrent le bled aux pieds, arrachèrent les vignes, & gâtèrent les raisins qui étoient en maturité ; en un mot, ils firent des dommages inestimables, quoiqu’ils n’en profitassent pas eux-mêmes.

Nos gens étoient, à la vérité, en état de les combattre par-tout où ils les trouveroient ; mais ils étoient fort embarrassés sur la marnière de leur donner la chasse. Quand ils les trouvoient un à un, ils les poursuivoient en vain ; ils trouvoient aisément leur sûreté dans la vîtesse extraordinaire de leurs pieds ; & d’un autre côté, nos gens n’osoient pas aller un à un pour les surprendre, de peur d’être environnés & accablés par le nombre.

Ce qu’il y avoit de meilleur, c’est que les sauvages n’avoient point d’armes ; leurs arcs leur étoient inutiles, faute de flêches & de matérieux, pour en faire de nouvelles ; & ils n’avoient aucune armes tranchante parmi toute leur troupe.