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Les aventures

manière assez burlesque, aussi-bien que leurs mères.

Parmi tous ces enfans, il n’y en avoit pas un qui passât l’âge de six ans quand j’arrivai. À peine y en avoit-il sept que les Anglois avoient mené ces dames sauvages dans l’île. Elles étoient toutes fécondes, l’une plus, l’autre moins ; celle qui étoit tombé en partage au second cuisinier du vaisseau, étoit grosse alors pour la sixième fois ; il n’y en avoit pas une qui ne fut douce, modérée, laborieuse, modeste & prompte à secourir ses compagnes ; elles étoient sur-tout extrêmement soumises à leurs maîtres, que je ne puis appeler leurs maris que très-improprement. Il ne leur manquoit plus rien que d’être instruites dans le christianisme, & mariées légitimement : elles y parvinrent bientôt par mes soins, ou du moins par une conséquence de mon arrivée dans l’île.

Ayant donné ainsi l’histoire générale de la colonie, & pareillement des cinq rébelles Anglois, il me reste à entrer en quelque détail touchant les Espagnols, qui constituoient le corps le plus puissant de mes sujets, & dont l’histoire est remarquable par des particularités dignes d’attention.

Ils m’informèrent, dans plusieurs de nos conversations, de la situation où ils s’étoient trouvés

parmi