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de Robinson Crusoé.

en quelque chose ; par où avez-vous entamé la conversation ? Le cas est tout-à-fait extraordinaire certainement ; si votre femme vous a porté à une résolution si louable, elle vous a fait effectivement un excellent sermon.

G. At. J’ai débuté par la nature de nos loix sur le mariage, qui tendent à lier l’homme & la femme par des nœuds indissolubles. Je lui ai fait entendre que sans de pareilles loix, l’ordre ne pouvoir pas être maintenu dans la société ; que les hommes abandonneroient leurs familles, & qu’ils se mêleroient confusément avec d’autres femmes ; ce qui embrouilleroit toutes les successions, & rendroit tous les héritages incertains.

R. Cr. Comment ! Guillaume, vous parlez comme un docteur en droit. Mais avez-vous pu lui faire comprendre ce que c’est qu’héritages & familles ? Les sauvages n’en ont pas seulement une idée, à ce qu’on dit, & se marient sans aucun égard pour l’alliance. On m’a assuré même que parmi eux les frères se marient avec leurs sœurs, les pères avec leurs filles, & les fils avec leurs mères.

G. At. Je crois, monsieur, que vous êtes mal informé ; ma femme m’a dit au moins, que sa nation abhorre de pareils mariages ; & que dans les degrés de parenté, dont vous venez de faire mention, ils ne se marient jamais, quoiqu’ils ne soient pas aussi scrupuleux que nous, peut-être, par rapport aux degrés plus éloignés.