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Les aventures

Là-dessus je la fis venir, & m’étant placé entr’elle & le prêtre, pour servir de truchement, je le priai d’entrer en matière. Il le fit, & je suis persuadé que dans ces derniers siecles, jamais prêtre papiste ne fit un pareil sermon : aussi lui dis-je que je lui trouvois toutes les lumières, tout le zèle, & toute la sincérité d’un vrai chrétien, sans aucun mélange des erreurs de son église, & qu’il me paroissoit semblable aux évêques de Rome, avant que l’église Romaine eût usurpé la souveraineté sur les consciences.

Pour abréger, il réussit à porter cette pauvre femme à embrasser la connoissance du sauveur, & de la rédemption, non-seulement avec surprise & avec étonnement, comme elle avoit reçu d’abord les notions de Dieu, & de ses attributs ; mais encore avec joie, avec foi, & avec un degré de lumière qu’on auroit de la peine à s’imaginer, bien loin de pouvoir en donner une idée juste.

Quand il se prépara à la baptiser, je le priai de s’acquitter de cette cérémonie avec quelques précautions, afin qu’on ne remarquât pas qu’il fût catholique ; ce qui auroit pu avoir de mauvaises conséquences, & causer des divisions parmi tous ces gens, qui n’avoient encore que de foibles idées sur ces sortes de matières. Il me répondit que, comme il n’avoit point là de chapelle consacrée,