Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
de Robinson Crusoé.

aux Anglois une telle fureur, qu’ils jurèrent de se venger, & de ne donner quartier à aucun Indien qui tomberoit entre leurs mains : dans le moment même ils mirent la main à l’œuvre. Comme les maisons étoient basses & toutes couvertes de chaume, il ne leur fut pas difficile d’y mettre le feu, & en moins d’un quart d’heure toute la ville brûloit en quatre ou cinq différens endroits. Ils n’oublièrent pas sur-tout la cabane où se trouvoient les Indiens éveillés, dont je viens de faire mention. Dès que le feu commença à y prendre, ces pauvres gens effrayés cherchèrent la porte pour se sauver ; mais ils y rencontrèrent un danger qui n’étoit pas moindre, & le bosseman en tua deux de sa propre main avec sa hache d’armes. La maison étant grande, & remplie de gens, il ne voulut pas y entrer pour en achever le massacre ; mais il y jeta une grenade, qui les effraya d’abord, & qui, en crevant ensuite, leur fit pousser les cris les plus lamentables.

La plupart des Indiens qui se trouvoient dans cette maison furent tués ou blessés par la grenade, excepté deux ou trois, qui voulurent de nouveau sortir par la porte, où ils furent reçus par le bosseman, & par deux autres la baïonnette au bout du fusil, & misérablement massacrés. Il y avoit dans la maison un autre appar-