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de Robinson Crusoé.

jusqu’en Angleterre. Si nous n’avions pas eu envie de lui donner quelqu’autre récompense, nous n’aurions pas mérité par-là de passer pour généreux. Il nous avoit rendu des services considérables, non-seulement sur mer, mais encore à terre, où il s’étoit intéressé dans nos affaires avec toute l’affection imaginable. Le seul plaisir qu’il nous avoit fait, en nous amenant le marchand Japonnois, nous avoit valu un profit de plusieurs centaines de livres sterling. Ainsi, lui faire du bien, n’étoit que lui rendre justice. Nous résolûmes donc de lui faire présent d’une petite somme en or monnoyé, montant, à-peu-près, à la valeur de soixante-quinze livres sterling, & de le défrayer, lui & son cheval, s’il vouloit nous accompagner : nous le souhaitions de tout notre cœur, parce qu’il pouvoit nous être très-nécessaire en plusieurs occasions.

Nous le fîmes venir pour lui communiquer notre résolution. Je lui dis qu’il s’étoit plaint de la nécessité de s’en retourner tout seul, mais que j’étois d’avis qu’il ne retournât point du tout ; que nous avions résolu d’aller en Europe avec la caravane, & de le prendre avec nous, s’il avoit envie de nous suivre. Le bon homme secoua la tête à cette proposition ; il nous dit que ce voyage étoit bien long, qu’il n’avoit point d’argent pour en soutenir les frais, ni pour subsister dans l’en-