Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/465

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situé de l’un & de l’autre côté de l’Oby que sont envoyés en exil les criminels Moscovites, qui ne sont point condamnés à mort, & il leur est presque impossible de s’en échapper jamais.

Il ne m’arriva rien qui soit digne d’être rapporté jusqu’à mon arrivée à Tobolski, capitale de la Sibérie où je demeurai pendant un temps considérable, par la raison que voici.

Nous avions mis à-peu-prés sept mois à faire notre voyage, & l’hiver approchoit à grand pas. La caravane devoit aller à Moscow, mais nous n’y avions aucunes affaires, mon associé & moi ; c’étoit notre Patrie que nous avions uniquement en vue, & cette considération méritoit bien que nous tinssions un petit conseil à part. Il est vrai, qu’on nous disoit merveille des traîneaux tirez par des rennes, qui rendent si faciles & si rapides les voyages, qu’on entreprend en temps d’hiver : je sais bien que ce qu’on nous en rapportoit, quelque surprenant qu’il fût, étoit la vérité toute pure. Les Russiens aiment mieux voyager en hiver, qu’en été, parce que dans leurs traîneaux ils passent les jours & les nuits avec toute la commodité imaginable, tandis qu’ils parcourent un espace extraordinaire. Tout le pays est couvert de neige, durcie par le grand froid qui fait une seule surface douce, & égale des plaines, des tivières, des montagnes, & des lacs.