Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/473

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vaincu vaincu que la vertu seule rend l’homme véritablement sage & grand, riche, & qu’elle seule le prépare à la jouissance d’une félicité éternelle. Dans cette pensée, ajouta-t-il je me trouve plus heureux au milieu de ce désert, que tous mes ennemis, qui sont en pleine possession des richesses & de l’autorité qu’ils m’ont fait perdre, & dont je me sens déchargé, comme d’un fardeau pesant.

Vous penserez peut-être, monsieur, me dit-il encore que je suis uniquement forcé à entrer dans ces vues par la nécessité & que, par une espèce de politique, je fais de pareilles réflexions pour adoucir un état que d’autres pourroient nommer misérable, mais vous vous tromperiez. S’il est possible à l’homme de connoitre quelque chose de ses propres sentimens je puis vous assurer que je ne voudrois pas retourner à la cour, quand le Czar, mon maître, auroit envie de me restaurer dans toute ma grandeur. Si jamais j’en suis capable j’avoue que mon extravagance approchera de celle d’un homme qui, délivré de la prison de cette chair, & ayant déjà un goût de la félicité céleste voudroit revenir sur la terre & se livrer de nouveau aux foiblesses honteuses & aux misères de la vie humaine.

Il prononça ce discours avec tant de chaleur,