Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/483

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proposition, comme une porte : que le ciel ouvroit à sa liberté & comme un ordre qu’il recevoit de la Providence, de se mettre dans un état plus agréable, & de se rendre utile aux autres hommes.

Que savez-vous me, répondit-il si au lieu d’un ordre de la Providence, ce n’est pas plutôt une ruse du démon, qui, dans ma délivrance offre à mon ame l’idée d’une grande félicité, uniquement pour me faire tomber dans un piège, & pour me porter à courir moi-même à ma ruine ? Dans mon exil je suis libre de toute tentation, de retourner à ma misérable grandeur ; & si j’étois libre, peut être l’orgueil, l’ambition, l’avarice & la sensualité, dont la source n’est jamais entièrement tarie dans la nature humaine m’entraîneroient de nouveau avec impétuosité. Alors cet heureux prisonnier redeviendrait au milieu des douceurs d’une liberté extérieure, l’esclave de ses sens & de ses passions. Non non mon cher monsieur, il vaut bien mieux que je reste dans mon exil, banni de la cour, & exempt de crimes, que de me délivrer de cette vaste solitude, aux dépens de la liberté de ma raison, aux dépens d’une félicité éternelle sur laquelle je fixe à présent mes yeux, & que je pourrois perdre si j’acceptois Vos offres obligeantes. Je suis