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de Robinson Crusoé.

la vîtesse d’une flèche qu’un bras vigoureux fait sortir d’un arc. L’homme le plus ferme n’auroit pas pu s’empêcher de jeter quelques larmes en voyant les transports de joie où ce pauvre garçon s’abandonna en joignant son père. Il l’embrassa, le baisa, le prit entre ses bras pour le mettre à terre sur le tronc d’un arbre, le regarda fixement pendant plus d’un quart d’heure, comme un homme qui considère avec étonnement un tableau extraordinaire ; ensuite il se mit près de lui, le baisa de nouveau, se remit sur ses pieds, & continua à le regarder avec attention, comme s’il étoit enchanté de le voir.

Le lendemain ses tendres extravagances prirent un autre cours. Il se promena avec lui plusieurs heures sur le rivage, en le tenant pas la main, comme si c’étoit une demoiselle, & de tems en tems il lui alloit chercher quelque chose dans la chaloupe, tantôt un morceau de sucre, tantôt un verre de liqueur, & tantôt un biscuit ; enfin tout ce qu’il croyoit capable de faire plaisir au bon vieillard.

L’après-dînée il s’y prit encore d’une nouvelle manière : il mit le bon-homme à terre, & commença à danser autour de lui avec mille postures, plus burlesques les unes que les autres, & en même tems il lui parloit, & lui racontoit, pour le divertir, quelques particularités de ses voyages.