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de Robinson Crusoé.

tirer du triste état où ils étoient, & de trouver avec eux le moyen de revenir parmi les chrétiens.

Dans ce tems-là je n’avois pas plus de raisons pour m’attendre à ma délivrance, que je n’en avois vingt ans auparavant, de voir la moindre apparence de l’arrivée d’un vaisseau anglois, par le moyen duquel je pusse me tirer de ma triste situation. Par conséquent, lorsque mes gens revinrent, ils ne purent qu’être extraordinairement étonnés en voyant que je m’en étois allés, & que j’avois laissé dans l’île trois étrangers en possession de tout ce qui m’appartenoit : leur surprise fut d’autant plus grande, qu’ils s’attendoient à le partager avec moi.

Pour le voyage qu’avoit fait mon espagnol avec le pere de Vendredi, il me dit qu’il n’y avoit rien de fort particulier, le tems s’étant trouvé fort doux & la mer calme. Ses compagnons, comme il est aisé de croire, furent charmés de le revoir ; aussi étoit-il le principal d’entr’eux; & leur commandant, depuis que le capitaine du vaisseau dans lequel ils avoient fait naufrage, étoit mort. Ils furent d’autant plus surpris de le voir, qu’ils savoient qu’il étoit tombé entre les mains des sauvages, & qu’ils supposoient qu’il en avoit été dévoré, selon leur affreuse coutume.